Vers un déréférencement des sites de téléchargement illégaux ?

Articleréférencement

Un petit pas pour Hadopi, un bond de géant dans la lutte contre le téléchargement illégal ? Le plus célèbre « flic » du Net, la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet envisage en effet, aussi secrètement que sérieusement, de convaincre les moteurs de recherche comme Google, Bing ou Yahoo ! de ne plus afficher les résultats pouvant mener l’utilisateur jusqu’à des sites illégaux sur lesquels il pourrait être amené à pirater. C’est lors d’une conférence courant octobre que l’organisation a avoué plancher sur cette question, quand bien même celle-ci reste une piste à explorer parmi tant d’autres. Ainsi, si le projet venait à voir le jour, les résultats permettant de télécharger des fichiers protégés par le droit d’auteur n’apparaîtraient plus à l’utilisateur, car n’étant plus référencés.

Un bémol de taille

Si cette initiative, toujours dans l’optique d’une traque interminable face aux pirates, paraît être louable, Hadopi pourrait de nouveau se heurter à un problème de taille ; en privant les internautes d’informations émanant de ces moteurs de recherche, on les prive logiquement de sources informationnelles, aussi néfastes soient-elles. Comme la première version de la loi Hadopi, qui s’était heurtée à un refus du Conseil Constitutionnel, le bât pourrait blesser car c’est la liberté de rechercher et de s’informer qui sont ici bafouées. De la même manière, est-il envisageable que les Français puissent subir un tel traitement quand Espagnols, Italiens, Américains, Chinois, Sud-Africains ou Australiens bénéficierait toujours de ce passe-droit ? Internet en France n’aurait plus la même bouille qu’ailleurs dans le monde, et il n’est pas sûr que la primauté d’un tel agissement soit bénéfique, d’autant plus dans le pays des Droits de l’Homme et du Citoyen. Alors oui, les pirates seraient ainsi coupés d’une bonne partie de leurs provisions, certains sites leur étant rendus extrêmement difficile d’accès.

Échec aux lois ?

Également, l’on peut se poser la question de la véritable viabilité de ce projet. Après tout, si l’usager parvient à retenir par cœur l’adresse internet du site de téléchargement illégal, il passera habilement au travers des mailles du filet, sans être pénalisé par quoi que ce soit. Il s’avère également délicat d’engager des poursuites judiciaires contre ces plates-formes, rapides comme le vent et pratiquement insaisissables. En outre, il semble que dans cette bataille psychologique, les pirates les mieux équipés disposent de plusieurs coups d’avance : si ce projet devenait effectif, qui pourrait les empêcher de s’installer à l’étranger afin de réaliser leurs petites affaires douteuses et de contrôler plus tranquillement les flux illégaux de musiques et de films ? Ou, mieux, de passer par des serveurs proxy1 basés hors des frontières hexagonales, et qui échapperaient ainsi à la réglementation française ? Les belligérants restent tous les deux campés sur leur position de départ. Et en cela, nul doute que la guerre contre les pirates informatiques n’est pas prête de connaître l’armistice…

Un serveur proxy est un ordinateur intermédiaire installé entre l’ordinateur de l’utilisateur et Internet. Il peut servir à enregistrer l’utilisation de l’accès à Internet et à bloquer l’accès à des sites Web.

Sources :

http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/guerric-poncet/hadopi-l-arme-secrete-du-dereferencement-31-10-2012-1523510_506.php

  1. Aucun commentaire pour l’instant.
  1. No trackbacks yet.

Laisser un commentaire