Johnny, Raphaël, Obispo, Bruel, Lavilliers, Souchon, Cabrel… « c’est la crise les mecs, non? »

J’ai regardé d’un œil distrait la lettre des 52 artistes en faveur de la loi Hadopi publiée par le JDD en 2008.
Au début on se dit que cela n’a pas grand intérêt et puis, en y regardant de plus près, on se rend compte qu’il y a pas mal de leçons intéressantes:

Leur point commun? Ils vendaient des centaines de milliers d’albums hier, il en vendent moins de  50 000 aujourd’hui. Et ça, ça les inquiète.

Oh, ce n’est pas le fait que l’album se diffuse moins, mais c’est surtout que le frigo se remplit moins, l’argent ne rentre plus. Alors ils sont prêt à tout, même à s’engager pour l’ancien Président Nicolas Sarkozy.

Vous m’avez bien lu, celui qui était unanimement conspué par le milieu culturel, vilipendé dans les chansonnettes engagées, et raillé sur les plateaux télés branchés.
Certains appellent ça de l’opportunisme ; on fait marcher les réseaux, soit. Moi, j’appelle cela une prostitution sur l’autel de l’argent. Nos prétendus artistes ont depuis longtemps abandonné leurs idéaux, leurs racines de saltimbanques vagabonds pour s’isoler dans leur confort bourgeois.
Finis les temps où les chansonniers étaient engagés et proches de leur public. Nos artistes sont devenus des Célébrités, des Peoples sans foi ni loi. Après tout Sacha Guitry nous avait prévenu : « Il vaut mieux vivre en bourgeois et penser en artiste que l’inverse »

Cette lettre ouverte en est une triste et désolante incarnation.

– Jean-Jacques Goldman, l’homme qui signa ROUGE, un fantastique album avec les cœurs de l’armée rouge.
– Renaud, le poète qui chantait ‘société tu m’auras pas’ ou ‘Hexagone’.
– Bernard Lavilliers, le militant qui hurlait le mal d’une société industrielle sous les airs de ‘travailler encore’

Et 49 autres. Alors, je me suis dit non, ces mecs là qui sont mes idoles, NOS idoles, ne peuvent pas renoncer comme ça. Il doit y avoir autre chose. Alors, j’ai cherché, j’ai regardé et j’ai compris. Du moins j’ai compris pourquoi il s’étaient engagés.

Ni pour Sarkozy, ni pour LEUR porte-feuille mais parce que sans argent c’est le milieu tout entier qui disparaît, c’est la culture qui disparaît,ce sont des métiers qui disparaissent.

Alors non, ne sacrifions pas la culture sur l’autel de la gratuité à tout prix.
Et la j’me suis dit: « Mince, ils sont forts ces artistes ».

Source :

52 artistes soutiennent la loi contre le téléchargement illégal, Le Monde Culture, le 22/06/2008